…de l’opinion du monde.

En 1999, à la sortie du Cégep (que j’ai fréquenté pendant 5 ans et dont je n’ai retiré aucun diplôme), j’ai eu l’ambition de créer un journal littéraire en ligne afin de continuer ce que Simon Dumas et moi avions commencé avec le journal étudiant. 
À l’époque, le web en était à ses premiers cris. Le courriel commençait à être utilisé plus largement et ça prenait un temps de fou avant qu’une page contenant des média finisse par apparaître. C’étais l’époque où il fallait téléphoner pour parler à l’internet! On était à la fin de l’époque du modem 56k et à l’aube de la révolution dsl et modem par cable. Google venait d’apparaître et Napster allait naître. 

Ironiquement, ce journal n’a pas fait long feu. La même année, les gens qui m’accompagnait dans la conception de cet objet, m’ont aussi accompagné dans la création d’un spectacle littéraire multidisciplinaire s’intitulant Formes (et affectueusement appelée pizza aujourd’hui). Ce fut la pierre d’assise de ma carrière et surtout celle de la compagnie qu’allait devenir productions Rhizome. 

Comme la plupart d’entre nous étions aux études ou au travail à temps plein, nous avons préféré misé sur la compagnie de spectacle plutôt que le journal internet. Et avec le recul, on a bien fait. Le journal aurait tôt fait de se perdre dans la masse.

En 2011, tout le monde a sa tribune. La démocratisation de l’opinion est une véritable révolution.  Le printemps arabe n’aurait sans doute pas eu l’impact qu’il a eu sans Twitter. Idem pour Occupy Wallstreet qui a des échos à travers la planète.

De nos jours on “lit” Twitter, Facebook, Google+ et tous les blogs comme autrefois, on lisait le journal. Mais je veux insister sur un fait qui me trouble. Quand j’étais petit et que mon père lisais son journal en écoutant les nouvelles (oui oui, mon père était multitâche!), il n’y avait qu’une chronique éditorial dans le journal, une seule et on ne la lisait presque pas. Dans les partys de famille tout le monde avait son opinion sur tout mais en publique on se fermait la boite parce qu’on savait bien que dans le fond on ne savait rien.

Aujourd’hui, l’opinion a pris le dessus sur les faits. Tout le monde est devenu un expert. Je ne suis pas différent. Tout le monde connaît le printemps arabe mais peu savent d’où c’est parti. Tout le monde connaissent le mouvement Occupy Wall street mais très peu de gens en connaissent les revendications (et c’est encore plus vrai si on parle des mouvements satellites).

J’ai peut-être l’air de vouloir dénoncer quelque chose mais en fait, cet écrit est le fruit d’une réflexion toute simple. Depuis environs 10 ans, je n’écris plus. Je me suis rendu comptes aussi, que mes mécanismes de réflexion, ma capacité de faire des liens et d’aller au delà de leur sens propre(c’est à dire de leurs donner d’autres sens par de multiples associations (oui oui, le poétique)) étaient devenus rouillés. À 35 ans, je commence à prendre des choses pour acquises et à regarder les choses au premier niveau parce que c’est plus facile. En fait, faire du poétique n’a jamais été très difficile pour moi. Je pense que c’est un peu ce regard d’enfant qui perdure mais que l’on doit refouler de temps à autres pour ne pas se faire frapper en traversant la rue ou de tribucher sur quelqu’un quand on contemple l’architecture ambiante. J’écris ceci parce que j’ai pris une décision: je dois me remettre en forme. Je dois m’entraîner pour faire travailler mes muscles poétiques 😉

Mais ne vous inquiétez pas, afin que cet exercice ne devienne pas une tribune exhibitionniste je me contenterai de parler d’art ou de ses méthodes. 

Je réfléchis tout haut, je ne prétend pas détenir la vérité. Encore une fois, je ne dénonce rien, j’observe et fait des liens.

P.S. Je ne me fixe pas d’objectifs de publications parce que la vie, ça chie quand on fait des plans 😉 

P.P.S. l’idée de me remettre à l’écriture (ou du moins à la réflexion par l’écrit) et en partie attribuable au blog suivant que je trouve très inspirant et juste: http://www.deaneogden.com/

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